« Merci, ça remonte le moral ! » lance un homme aux cheveux gris, programme dans la main, sourire aux lèvres tandis qu’il est sur le point de quitter la salle 7 des cinémas Studio à Tours. Son cri du cœur résume bien l’ambiance de ces trois jours de projections et de cérémonies de remise des Prix qui se sont déroulées les 14, 15 et 16 juin, sous un temps incertain et pourtant généreux en rayons de soleil.
La première soirée a donné le la des festivités : pour la deuxième année, la Compétition Paroles de Femmes a retrouvé son public, encore plus nombreux, de tourangelles et tourangeaux soucieux de découvrir les œuvres de cette sélection ouvertement féministe. Dix-huit films au total, tous réalisés par des femmes, tous abordant à leur manière la condition féminine dans le monde entier, de la Turquie à la Tchéquie, de la France aux Québec. Ce programme d’une heure a montré une fois encore toute la force de ce format de moins de quatre minutes, toute sa puissance à raconter le monde avec poésie, force et magie.
C’est donc avec beaucoup d’émotions que le Jury, présidé par Iris Brey, réalisatrice et autrice, a annoncé le nom des lauréates de cette année. Deux mentions spéciales ont été délivrées, et c’est les larmes aux yeux que la présidente du Jury a ouvert l’enveloppe et lu le nom de la lauréate du Prix des Droits des Femmes : Süheyla Noyan pour son film Çiçek Açar. La jeune réalisatrice avait enregistré une vidéo pour remercier le Jury et le public et, par chance, elle avait pu recevoir son Prix en direct : de passage à Montréal, elle a assisté à une projection organisée par Diya Angeli, notre partenaire, et a pu ainsi échanger avec le public québécois, ravie de la voir en chair et en os.
Mais revenons à Tours : la suite de la soirée s’est déroulée dans les jardins des Studio autour d’un buffet mais également autour de la sélection d'ouvrages féministes mise en avant par Manon Ribis de la librairie Bédélire. Les visages heureux, les éclats de rire, les apostrophes joyeuses prouvaient à quel point il est bon de se rassembler autour d’une même lutte. Les jurées ont pu échanger avec les spectatrices et spectateurs mais aussi les réalisatrices présentes : Laurie Trotin pour le film Le steak, Marie Tomassi pour le film Lilas, l’une des deux Mentions spéciales du Jury, et Yaaley Weiss pour le film Ok, nevermind.
Le lendemain, samedi 15 juin, place à la Compétition Internationale. Les bénévoles du Ciné-Club des Studio avaient préparé un déjeuner pique-nique, toujours sous les grands arbres protecteurs du patio, et les membres du jury, présidé par Antony Cordier, ont ainsi pu parler avec les jeunes cinéphiles et toute l’équipe du Très Court, l’équipe permanente bien sûr mais aussi les membres du conseil d’administration et les ami·es venu·es de loin pour assister à l’événement. On parlait cinéma, politique, intelligence artificielle, et les échanges furent nourris et passionnants. 14h30 est arrivé bien vite, et le public s’est empressé de rejoindre la grande salle pour découvrir le programme de deux heures, et son lot de films venus du monde entier, absurdes, drôles, touchants, et parfois glaçant, avouons-le.
A l’issue de la projection, le public fut invité à voter pour ses trois films préférés sans quitter la salle, et après un chahut plein de liesse, le Jury a annoncé les films lauréats. Chacune et chacun ont argumenté sur leur choix, avec bienveillance et pertinence. Par chance, le lauréat du Grand Prix, Shingyu Kang, venu de Corée du Sud spécialement pour l’occasion, a pu recevoir des mains du Président son certificat. L’émotion était palpable, et le jeune réalisateur, accompagné par une traductrice, a fait part de son honneur d’être ainsi récompensé par un Jury français. Son Prix l’invite à poursuivre son travail et, qui sait, d’ici quelques années, on le reverra sur les écrans avec un film plus long.
Voir 36 Très Courts restent une expérience incroyable, singulière, mais aussi éprouvante, et c’est avec entrain que le public, mêlé aux juré·es, a dégusté cookies et crackers à l’issue de la projection. Parmi la foule sont arrivées progressivement les équipes du Défi 48h Très Court Environnement qui ont fait le déplacement pour voir leur film sur grand écran. Sur les 19 équipes sélectionnées, 13 nous ont rejoint à Tours, impatientes d’entendre le palmarès et savoir si un Prix leur a été attribué.
Le collectif Cut!, parrain du Jury et représenté par Guillaume Calop, accompagné par Lou Howard et Mohamed Amjahdi de l’Ademe, l’agence pour la transition écologique partenaire du Défi 48h, ont égrainé les noms des lauréat·es dans une salle pleine de fougue. Pour la première fois de l’histoire de ce challenge citoyen et écolo, un Prix du Public a été décerné en direct à Arthur Pereira pour son film Monouspole, déjà récompensé par le Prix Imago TV. Quant au Grand Prix CNC/Talent, il a été remis au film Sur le film dont l’équipe a mandaté un de leur papa pour recevoir le certificat.
Après une magnifique soirée autour d’un buffet, le festival s’est conclu le dimanche matin avec la projection de la sélection Familiale. Grande nouveauté de cette année, ce fut une très belle surprise : les enfants – et leurs parents – étaient au rendez-vous, et après avoir mangé les madeleines du petit-déjeuner dressé pour l’occasion, les chérubins ont applaudi aux 17 films de ce programme spécial enfant. L’une d’elle, après le générique du début, a lancé dans la salle « c’est déjà fini ? », ce qui a provoqué de nombreux rires, et ce sera le mot de la fin : c’est déjà fini, oui, mais on se retrouve l’an prochain, si le cœur vous en dit.